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XIX, du poison de Baudelaire aux alcools d'Apollinaire

by CORdIER

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1.
Il pleure dans mon coeur Comme il pleut sur la ville ; Quelle est cette langueur Qui pénètre mon coeur ? Ô bruit doux de la pluie Par terre et sur les toits ! Pour un coeur qui s’ennuie, Ô le chant de la pluie ! Il pleure sans raison Dans ce coeur qui s’écoeure. Quoi ! nulle trahison ?… Ce deuil est sans raison. C’est bien la pire peine De ne savoir pourquoi Sans amour et sans haine Mon coeur a tant de peine !
2.
De la musique avant toute chose, Et pour cela préfère l'Impair Plus vague et plus soluble dans l'air, Sans rien en lui qui pèse ou qui pose. Il faut aussi que tu n'ailles point Choisir tes mots sans quelque méprise : Rien de plus cher que la chanson grise Où l'Indécis au Précis se joint. C'est des beaux yeux derrière des voiles, C'est le grand jour tremblant de midi, C'est, par un ciel d'automne attiédi, Le bleu fouillis des claires étoiles ! Car nous voulons la Nuance encor, Pas la Couleur, rien que la nuance ! Oh ! la nuance seule fiance Le rêve au rêve et la flûte au cor !
3.
Nous partirons en voyage, nous partirons en voyage. Pour l'enfant, amoureux de cartes et d'estampes, L'univers est égal à son vaste appétit. Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes ! Aux yeux du souvenir que le monde est petit ! Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme, Le coeur gros de rancune et de désirs amers, Et nous allons, suivant le rythme de la lame, Berçant notre infini sur le fini des mers : Les uns, joyeux de fuir une patrie infâme ; D'autres, l'horreur de leurs berceaux, et quelques-uns, Astrologues noyés dans les yeux d'une femme, La Circé tyrannique aux dangereux parfums. Pour n'être pas changés en bêtes, ils s'enivrent D'espace et de lumière et de cieux embrasés ; La glace qui les mord, les soleils qui les cuivrent, Effacent lentement la marque des baisers. On voyage, en voyage, on voyage, en voyage. Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent Pour partir, coeurs légers, semblables aux ballons, De leur fatalité jamais ils ne s'écartent, Et, sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons ! Ceux-là dont les désirs ont la forme des nues, Et qui rêvent, ainsi qu'un conscrit le canon, De vastes voluptés, changeantes, inconnues, Et dont l'esprit humain n'a jamais su le nom ! On voyage, on voyage, en voyage, on voyage, en voyage, de voyage en voyage, on voyage en voyage.
4.
Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères, Des divans profonds comme des tombeaux, Et d'étranges fleurs sur des étagères, Ecloses pour nous sous des cieux plus beaux. Usant à l'envi leurs chaleurs dernières, Nos deux coeurs seront deux vastes flambeaux, Qui réfléchiront leurs doubles lumières Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux. Un soir fait de rose et de bleu mystique, Nous échangerons un éclair unique, Comme un long sanglot, tout chargé d'adieux ; Et plus tard un Ange, entr'ouvrant les portes, Viendra ranimer, fidèle et joyeux, Les miroirs ternis et les flammes mortes.
5.
Il me dit qu'il était très riche, Mais qu'il craignait le choléra; — Que de son or il était chiche, Mais qu'il goûtait fort l'Opéra; — Qu'il raffolait de la nature, Ayant connu monsieur Corot; — Qu'il n'avait pas encor voiture, Mais que cela viendrait bientôt; — Qu'il aimait le marbre et la brique, Les bois noirs et les bois dorés; — Qu'il possédait dans sa fabrique Trois contremaîtres décorés; — Qu'il avait, sans compter le reste, Vingt mille actions sur le Nord; Qu'il avait trouvé, pour un zeste, Des encadrements d'Oppenord; Qu'il donnerait (fût-ce à Luzarches!) Dans le bric-à-brac jusqu'au cou, Et qu'au Marché des Patriarches Il avait fait plus d'un bon coup; Qu'il n'aimait pas beaucoup sa femme, Ni sa mère; — mais qu'il croyait A l'immortalité de l'âme, Et qu'il avait lu Niboyet! — Qu'il penchait pour l'amour physique, Et qu'à Rome, séjour d'ennui, Une femme, d'ailleurs phtisique, Etait morte d'amour pour lui. Pendant trois heures et demie, Ce bavard, venu de Tournai, M'a dégoisé toute sa vie; J'en ai le cerveau consterné. S'il fallait décrire ma peine, Ce serait à n'en plus finir; Je me disais, domptant ma haine: «Au moins, si je pouvais dormir!» Comme un qui n'est pas à son aise, Et qui n'ose pas s'en aller, Je frottais de mon cul ma chaise, Rêvant de le faire empaler. Ce monstre se nomme Bastogne; Il fuyait devant le fléau. Moi, je fuirai jusqu'en Gascogne, Ou j'irai me jeter à l'eau, Si dans ce Paris, qu'il redoute, Quand chacun sera retourné, Je trouve encore sur ma route Ce fléau, natif de Tournai.
6.
Comme je descendais des Fleuves impassibles, Je ne me sentis plus guidé par les haleurs, Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles, Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs. J’étais insoucieux de tous les équipages, Porteur de blés flamands ou de cotons anglais. Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages, Les Fleuves m’ont laissé descendre où je voulais. Comme dans un bateau ivre, comme dans un bateau ivre, comme dans un bateau. Dans les clapotements furieux des marées, Moi, l’autre hiver, plus sourd que les cerveaux d’enfants, Je courus ! Et les Péninsules démarrées N’ont pas subi tohu-bohus plus triomphants. Comme dans un bateau ivre, comme dans un bateau ivre, comme dans un bateau. La tempête a béni mes éveils maritimes. Plus léger qu’un bouchon j’ai dansé sur les flots Qu’on appelle rouleurs éternels de victimes, Dix nuits, sans regretter l’œil niais des falots ! Plus douce qu’aux enfants la chair des pommes sûres, L’eau verte pénétra ma coque de sapin Et des taches de vins bleus et des vomissures Me lava, dispersant gouvernail et grappin Comme dans un bateau ivre, je vogue à la dérive
7.
Un soir de demi-brume à Londres Un voyou qui ressemblait à Mon amour vint à ma rencontre Et le regard qu’il me jeta Me fit baisser les yeux de honte Je suivis ce mauvais garçon Qui sifflotait mains dans les poches Nous semblions entre les maisons Onde ouverte de la Mer Rouge Lui les Hébreux moi Pharaon Si les vers d'Apollinaire s'accrochaient à ma portée, dans les pas de Baudelaire, je chanterais la chanson du mal aimé, du mal aimé. Que tombent ces vagues de briques Si tu ne fus pas bien aimée Je suis le souverain d’Égypte Sa soeur-épouse son armée Si tu n’es pas l’amour unique Au tournant d’une rue brûlant De tous les feux de ses façades Plaies du brouillard sanguinolent Où se lamentaient les façades Une femme lui ressemblant Si les vers d'Apollinaire voulaient bien m'apporter l'inspiration des mots, de l'air, pour la chanson du mal aimé, du mal aimé. Si les vers d'Apollinaire s'accrochaient à ma portée, entre Rimbaud et Verlaine, ce serait un amour qui serait né, dans les pas de Baudelaire, je chanterais la chanson du mal aimé, du mal aimé.
8.
Le vin sait revêtir le plus sordide bouge D'un luxe miraculeux, Et fait surgir plus d'un portique fabuleux Dans l'or de sa vapeur rouge, Comme un soleil couchant dans un ciel nébuleux. L'opium agrandit ce qui n'a pas de bornes, Allonge l'illimité, Approfondit le temps, creuse la volupté, Et de plaisirs noirs et mornes Remplit l'âme au delà de sa capacité. Tout cela ne vaut pas le poison qui découle De tes yeux, de tes yeux verts, Lacs où mon âme tremble et se voit à l'envers... Mes songes viennent en foule Pour se désaltérer à ces gouffres amers. Tout cela ne vaut pas le terrible prodige De ta salive qui mord, Qui plonge dans l'oubli mon âme sans remord, Et, charriant le vertige, La roule défaillante aux rives de la mort !
9.
Ses purs ongles très-haut dédiant leur onyx, L'Angoisse, ce minuit, soutient, lampadophore, Maint rêve vespéral brûlé par le Phénix Que ne recueille pas de cinéraire amphore Sur les crédences, au salon vide : nul ptyx, Aboli bibelot d'inanité sonore, (Car le Maître est allé puiser des pleurs au Styx Avec ce seul objet dont le Néant s'honore.) Mais proche la croisée au nord vacante, un or Agonise selon peut-être le décor Des licornes ruant du feu contre une nixe, Elle, défunte nue en le miroir, encor Que, dans l'oubli fermé par le cadre, se fixe De scintillations sitôt le septuor.
10.
Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ; Mon paletot aussi devenait idéal ; J’allais sous le ciel, Muse ! et j’étais ton féal ; Oh ! là ! là ! que d’amours splendides j’ai rêvées ! Mon unique culotte avait un large trou. – Petit-Poucet rêveur, j’égrenais dans ma course Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse. – Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou Et je les écoutais, assis au bord des routes, Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ; Où, rimant au milieu des ombres fantastiques, Comme des lyres, je tirais les élastiques De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur !
11.
La très chère était nue, et, connaissant mon cœur, Elle n'avait gardé que ses bijoux sonores, Dont le riche attirail lui donnait l'air vainqueur Qu'ont dans leurs jours heureux les esclaves des Mores. Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur, Ce monde rayonnant de métal et de pierre Me ravit en extase, et j'aime à la fureur Les choses où le son se mêle à la lumière. Elle était donc couchée et se laissait aimer, Et du haut du divan elle souriait d'aise À mon amour profond et doux comme la mer, Qui vers elle montait comme vers sa falaise. Les yeux fixés sur moi, comme un tigre dompté, D'un air vague et rêveur elle essayait des poses, Et la candeur unie à la lubricité Donnait un charme neuf à ses métamorphoses; Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins, Polis comme de l'huile, onduleux comme un cygne, Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins; Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne, S'avançaient, plus câlins que les Anges du mal, Pour troubler le repos où mon âme était mise, Et pour la déranger du rocher de cristal Où, calme et solitaire, elle s'était assise. — Et la lampe s'étant résignée à mourir, Comme le foyer seul illuminait la chambre Chaque fois qu'il poussait un flamboyant soupir, Il inondait de sang cette peau couleur d'ambre! Et je fus plein alors de cette vérité Que le meilleur trésor que Dieu garde au Génie Est de connaître à fond la terrestre beauté Pour en faire jaillir le rythme et l’harmonie.

about

Après avoir parcouru les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire avec le spectacle TABLEAU NOIR effleure le mal, CORdIER s'aventure sur la trace des poètes du XIXème, du Poison de Baudelaire à Alcool d'Apollinaire.

5 poètes, Baudelaire, Rimbaud, Verlaine, Mallarmé et Apollinaire pour 11 titres, 11 récitations à apprendre en chantant.

credits

released November 3, 2022

Paroles : Charles Baudelaire, Arthur Rimbaud, Paul Verlaine, Guillaume Apollinaire, Stéphane Mallarmé, Thierry Cordier

Musiques : Thierry Cordier, sauf "le Poison" d'Erik Bonnet et "la mort des amants" de David Girardi

Tous instruments et programmations: Louis Ville, Thierry Cordier
Voix masculine : CORdIER
Voix féminines : Oriane (le voyage/la mort des amants/le poison/ma bohème) et JOëlle (à propos d'un importun)

Consultants littéraires : Pierre Grouïx et Eric de Aranjo

Arrangements : Thierry Cordier, Louis Ville
Réalisation : Louis Ville
Production : Un Poisson dans l'Désert

Graphisme : Eric Schebath pour Rouge Gazon

Médias Presse : Yvanna Zoia - 06 74 88 59 76 - medias@updd.com

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CORdIER Nancy, France

Auteur compositeur, créateur de chansons et d'univers

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